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Centre de Recherche en Ethique (CRE) de l’Université de Montréal 

Journée d’étude Éthique des algorithmes

12 février 2021

Conférence d’Alexandre Bretel : “L’apport de la notion de responsabilité d’Hans Jonas, Hannah Arendt et Gunther Anders à l’éthique des algorithmes”.

Présentation de la conférence :

L’éthique des algorithmes cherche à s’inspirer des trois types d’éthique normative : le conséquentialisme, l’utilitarisme et l’éthique des vertus. Ces réflexions gagneraient à être enrichis par la philosophie de la technique, qui étudie l’objet technique dans ses spécificités et ses relations, à la fois avec les autres artefacts techniques et avec les humains. Des philosophes tels que Günther Anders, Hans Jonas ou Hannah Arendt, ont pensés l’objet technique dans le cadre de la modernité et se sont interrogés plus spécifiquement, dans une certaine mesure, sur la notion de responsabilité. Ces trois penseurs, bien que n’ayant pas travaillé directement sur les algorithmes eux-mêmes, permettent de penser l’algorithme comme objet technique, et donc d’enrichir l’éthique des algorithmes. Hans Jonas a ainsi conceptualisé le Principe responsabilité, qui implique la nécessité de penser le développement technique dans le cadre du maintien d’une vie humaine authentique sur Terre. Appliqué à l’éthique des algorithmes, on peut ainsi se demander dans quel cadre, notamment environnementale, penser le développement des infrastructures nécessaires aux algorithmes. Günther Anders a pensé la notion de décalage prométhéen, pour exprimer le décalage entre notre capacité de représentation et les effets de nos actions dans le monde technique. On peut déjà se demander comment envisager la notion de responsabilité dans le cas où les conséquences “décidées” par un algorithme s’écartent des scenarii initiaux. Hannah Arendt s’est interrogée sur ce qu’elle appelle “l’œuvre”, c’est-à-dire la question de la technique, qui a modifié en profondeur notre environnement au cours des derniers siècles, au point de modifier également nos repères moraux. Il s’agit ici de s’interroger sur les changements que pourraient produire les algorithmes sur notre conception même de l’éthique. La présentation, limitée à ces trois penseurs et à la notion de responsabilité, permet d’aborder l’apport de la philosophie de la technique à l’éthique des algorithmes.

Bibliographie :

  • Anders, G. (1956). L’obsolescence de l’homme : Tome 1, Sur l’âme à l’époque de la deuxième révolution industrielle. Paris, France : Ivrea.
  • Anders, G. (1980). L’obsolescence de l’homme : Tome 2, Sur la destruction de la vie à l’époque de la troisième révolution industrielle. Paris, France : Fario.
  • Arendt, H. (1951). Les origines du totalitarisme. Paris, France : Gallimard.
  • Arendt, H (1958). Condition de l’homme moderne. Paris, France : Pocket.
  • Arendt, H (1950-1973). Responsabilité et jugement. Paris, France : Payot.
  • Béranger, J. (2018). Comment évaluer l’éthique d’un algorithme ? The conversation.
  • Bodet, M. (2013). La notion de « responsabilité chez les penseurs allemands et français de la durabilité, ERIED (Equipe de Recherche et d’Etudes Interdisciplinaires sur la Durabilité).
  • Boujemaa, N. (2019). De l’éthique des algorithmes, AI Paris Interview.
  • David, C. & Röpcke, D. (2004). Günther Anders, Hans Jonas et les antinomies de l’écologie politique, Ecologie & Politique, p. 193 à 213.
  • Gilbert, M. Faire la morale aux robots : une introduction à l’éthique des algorithmes, Atelier 10. Montréal, Québec : Atelier 10.
  • Jonas, H. (1979). Le Principe responsabilité. Paris, France : Flammarion.
  • Poizat, J.-C. (2009). Assumer l’humanité, Hannah Arendt : la responsabilité face à la pluralité de Gérôme Truc, Le Philosophoire, p. 177 à 188.
  • Vaissière, T. (1999). L’éthique de responsabilité chez Hans Jonas à l’épreuve du droit international de l’environnement, Revue interdisciplinaire d’études juridiques, p. 135 à 199.