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Séminaire interne # 3: Dépendance à la technologie et normativités algorithmiques

Mardi 1er octobre 2019 de 14h à 18h.

Lieu : Maison de la Création et de l’Innovation (MaCI), Université Grenoble Alpes,

339 avenue Centrale, Salle 104. 

Animé par Thierry Ménissier (IPhiG-chaire Ethique&IA, UGA)

« Lewis Mumford, un auteur pour comprendre les raisons du besoin sociétal d’IA »

Fabienne Martin-Juchat (Gresec-UGA)

Le développement mondial de l’IA ne se résume pas au succès du déterminisme technique dans la continuité du capitalisme financier : il est aussi de nature anthropologique. La socio-économie contemporaine repose sur un besoin de technique, caractéristique et constitutif de la société moderne. Plus précisément, la dépendance affective nourrie par les récentes technologies, et tout particulièrement celles qui relèvent de l’IA, s’inscrit dans une longue histoire civilisationnelle. À ce propos, relire aujourd’hui les œuvres de l’historien états-unien Lewis Mumford (1895-1990) apparaît essentiel pour comprendre que la dépendance des modernes à la technique non seulement n’est pas prête de s’arrêter, mais qu’elle permet le déploiement massif de l’IA dans la société. Si un tel déploiement est d’ores et déjà en cours, c’est certes parce qu’il est favorisé par l’industrie et cautionné par les politiques ; c’est aussi, plus profondément, que la dépendance entretenue à la technique associe d’une manière inédite des valeurs constitutives de la modernité. Notre propos vise à élucider et à caractériser certaines des nouvelles configurations de sens qui favorisent le déploiement massif de l’IA.

« Perspectives sur les normativités algorithmiques : ingénierie, objets, activités »

Jérémy Grosman (CRIDS-Université ́de Namur) et Tyler Reigeluth (IPhiG-chaire Ethique&IA, UGA)

L’argument est généralement entendu que les systèmes algorithmiques qui font preuve d’un apprentissage produisent des effets normatifs inattendus et difficilement prévisibles. Nous proposons de rendre compte de ces systèmes à partir d’un perspectivisme qui pluralise la question de leur normativité. En effet, on peut les approcher à la fois comme: 1) des pratiques d’ingénierie à travers lesquelles des normes sont embarquées dans les systèmes techniques; 2)

des objets techniques caractérisés par des schèmes de fonctionnement qui s’imposent comme des normes aux communautés d’ingénieurs et 3) des activités au sein desquelles comportements organiques et machiniques participent à l’invention de nouvelles normes. L’idée étant que ce pluralisme permette de rehausser ou d’intensifier, plutôt que de diffuser ou désamorcer, certains enjeux politiques et sociaux liés au déploiement d’algorithmes apprenants.