loader image

La chaire éthique&IA est heureuse de contribuer aux :

Premières journées sur la recherche en apprentissage frugal : MIAI Grenoble,

24-25 novembre 2022

Amphitheatre Killian, ISTerre, Domaine Universitaire, Université Grenoble Alpes.

Pour consulter le programme :

Présentation de l’enjeu de ces journées pour la chaire éthique&IA :
 
Les techniques d'”apprentissage machine” apparaissent énergétiquement coûteuses et la société s’algorithmise toujours davantage. Aussi, la qualification de la notion de frugalité représente un enjeu crucial pour la constitution d’une éthique environnementale de l’IA.
 
Du point de vue de la conception des systèmes d’algorithmes, la frugalité est notamment une question de définition et de mesure, car il s’agit de définir le type de critères que l’on retient pour concevoir, évaluer puis mettre en œuvre des solutions technologiques certes performantes mais également moins coûteuses et respectueuses de l’environnement.
 
Du point de vue des sciences humaines et sociales, cette qualification engage un autre type de débats. D’une part, la notion de frugalité gagne à être définie en regard des usages réels des solutions d’IA et en se trouvant confrontée aux finalités du système technique global de l’IA. En d’autres termes, la qualification de la frugalité ne peut s’opérer qu’en confrontant les besoins réels de la société à la dynamique des désirs industriellement stimulés par la logique de l’innovation (Stiegler, 2016 ; Ménissier, 2022).
D’autre part, la frugalité ne peut avoir un sens complet que si on la réfère à des constructions intellectuelles cohérentes, susceptibles de conférer une ligne directrice à l’action individuelle et collective. Elle gagne à se voir adossée à une philosophie. Or, il est permis d’examiner la frugalité voulue pour l’IA en la référant à diverses tentatives : il semble qu’on peut l’intégrer aussi bien à un projet de société tel que celui de la “société conviviale” (Illich, 1973) qu’à des théories contemporaines de la justice distributive, telles que le “suffisantisme” (Gosseries, 2011) et le “limitarianisme” (Robeyns, 2022). Une telle intégration représente une voie intéressante à explorer dans la perspective de doter le déploiement sociétal de l’IA d’une orientation claire du point de vue éthique, souci de l’environnement compris.

Références :

Gosseries, A. (2011). Qu’est-ce que le suffisantisme ? Philosophiques, 38(2), 465–491.https://doi.org/10.7202/1007460ar 

Illich, I. (1973). La convivialité. In Œuvres complètes. Volume 1. Paris : Fayard. 2004. 449-580.

Ménissier, T. (2022). « Innovation, from consumption to reinvention of socialization ». Philosophy & Technology. 35, 66. https://doi.org/10.1007/s13347-022-00563-x

Robeyns, I. (2022), Why Limitarianism?. Journal of Political Philosophy, 30: 249-270.https://doi.org/10.1111/jopp.12275

Stiegler, B. (2016). Dans la disruption. Comment ne pas devenir fou ?, Paris, Les Liens qui libèrent.