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Mara Magda Maftei

La nouvelle condition du vivant Perspectives philosophiques et fictionnelles

Date à venir…


En présentiel :

Université Grenoble Alpes,
339, avenue centrale 38400, Saint-Martin-d’Hères,
Maison de la Création et de l’Innovation, salle 137


En distanciel :

ID de réunion : 474 381 1375
Code secret : 698063

Séance organisée et animée par :

Thierry Ménissier : Professeur de philosophie politique, directeur de la chaire éthique&IA.

Argument de la conférence :

La fin des métarécits annoncée tant par Jean-François Lyotard, que par Niklas Luhmann donne forcément naissance à des récits alternatifs et à une nouvelle manière d’envisager l’être humain, obligé désormais à partager sa place avec d’autres catégories de vivants, comme l’Intelligence Artificielle. La nouvelle « normalité » de l’Humain est la conséquence d’une pratique culturelle (le posthumanisme qui récupère du poststructuralisme la critique du sujet à qui il est impossible d’assigner une identité précise) et socio-économique (le transhumanisme qui impose une pensée économique unique dictée par le langage cybernétique).  

Le nouveau système binaire Homme – Intelligence Artificielle produit des nouvelles formes de pouvoirs confiées à une société unique, transfrontalière, qui est la société informationnelle, rhizomatique. Cette société crée son propre modèle d’humain, malléable, recomposable du point de vue comportementale, « work in progress », qui vit en réseau et partage sa place avec l’Intelligence Artificielle, facteur décisif de la ville hyper-technologisée. Ceci risque même de remplacer différentes formes de religion par la confiance en la Technoscience. Dans notre intervention, nous utiliserons ce propos socio-économique et philosophique afin de montrer qu’un nombre de plus en plus important d’écrivains français contemporains interrogent ce transfert d’une ontologie de l’humain vers l’ontologie d’un humain cohabité par l’Intelligence Artificielle. La « fiction posthumaniste » (notion que nous avons proposée dans l’ouvrage Fictions posthumanistes, Hermann, 2022) ne relève ni de la dystopie, ni de la science-fiction. Les dispositifs de reconnaissance faciale inquiètent Camille Espedite (Cosmétique du chaos, Actes Sud, 2020), la société alternative mise en place par l’Intelligence Artificielle suscite l’intérêt de Marc Dugain (Transparence, Gallimard, 2019), la religion du corps désincarné celle de Gabriel Naëj (alias Jean-Gabriel Ganascia, Ce matin, maman a été téléchargée, Buchet-Chastel, 2019). Sur les nouvelles formes de pouvoir de l’Intelligence Artificielle, nous alertent les écrivains Antoine Bello (Ada, Gallimard, 2016), et Virginie Tournay (Civilisation 0.0, Glyphe, 2019). Le capitalisme de plateforme impose des nouvelles relations sociales qui permettent aux Intelligences Artificielles de communiquer entre elles (Gageac Rémi, Le Marché, Assyelle, 2013) et aux humains qui vivent en réseau (Nathan Devers, Les Liens artificiels, Albin Michel, 2022) de se retrouver manipulés et surveillés (Pierre Ducrozet, L’Invention des corps, Sud, 2017 ; Pierre Assouline, Golem, Gallimard, 2016)…

Présentation du conférencier :

Mara Magda Maftei est Professeure des universités à Bucarest et chercheuse associée au LAP | UMR 8177 CNRS-EHESS. Elle a été chercheuse invitée au Collège d’Etudes Mondiales, FMSH (2019). Titulaire d’un doctorat en littérature française (2009), d’un doctorat en histoire de la pensée économique (2007) et, plus récemment, d’une HDR soutenue en 2021 à l’Université Paris Nanterre, elle a publié en langue française : Fictions posthumanistes (Éditions Hermann, 2022), Un Cioran inédit. Pourquoi intrigue-t-il ? (Yves Michalon Éditeur/Éditions Fauves, 2016), Cioran et le rêve d’une génération perdue, (Harmattan, coll. « Ouverture philosophique », 2013). Elle a dirigé le no. 341/mars 2021 de la Revue des Sciences Humaines consacré au « Transhumanisme et Fictions posthumanistes » et codirigé un projet de recherche intitulé « Transhumanisme et posthumanisme entre réalités et imaginaires » à l’Université Paris-Nanterre (janvier 2020 – septembre 2021).